La plateforme nationale France VAE incarne la modernisation de la validation des acquis. Si la dynamique est bien enclenchée, l’arrivée massive des certificateurs révèle aussi de nouveaux obstacles, qui ralentissent l’expérience des candidats.
La plateforme France VAE, lancée pour simplifier et moderniser la Validation des Acquis de l’Expérience, connaît une montée en puissance en 2025. L’arrivée massive des certificateurs – DAVA, écoles, ministères, branches professionnelles – marque un tournant. Mais derrière cette dynamique, de nouvelles difficultés apparaissent, qui interrogent sur la capacité collective à tenir les promesses du dispositif.
Des délais qui s’allongent
L’étude de faisabilité, étape clé qui permet de vérifier l’adéquation d’un parcours professionnel avec le diplôme visé, devient un goulot d’étranglement. Dans certaines régions, les délais de traitement atteignent plusieurs mois. Pour les candidats en reconversion ou en recherche de certification rapide, cette attente constitue un frein majeur, en contradiction avec l’objectif initial d’accélération.
Le paradoxe du double dépôt
Autre problème récurrent : le dépôt du livret 2. Si France VAE se veut guichet unique, les candidats doivent encore, dans de nombreux cas, soumettre leur livret 2 à la fois sur la plateforme nationale et directement au certificateur. Les modalités varient selon les organismes : formats spécifiques, plateformes internes, procédures locales, voire trois exemplaires papier remis en mains propres ! Un paradoxe qui alourdit le parcours, au lieu de le simplifier.
Les jurés VAE : Mobilisation des acteurs et formation
De nombreux diplômes souffrent d’un déficit de sessions de jury VAE, faute d’une identification suffisante de jurés. Certains certificateurs sont parfois dans l’incapacité de proposer des jurys dans un délai de moins de 3 mois après un dépôt de livret 2, voire dans l’impossibilité de donner un planning. La réalisation de formations destinées aux jurés fait également apparaitre des questionnements quant à l’appréhension spécifique du rôle de juré VAE.
Une harmonisation encore inachevée
Ces difficultés traduisent un enjeu plus large : l’harmonisation des pratiques. Si les certificateurs ont rejoint France VAE, leurs habitudes demeurent très présentes. Chacun conserve ses outils, ses processus, sa manière d’évaluer, créant une mosaïque administrative qui fragilise l’efficacité du système.
Jouer le jeu de la VAE
La question qui se pose est simple : les certificateurs jouent-ils pleinement le jeu de la VAE ? Autrement dit, acceptent-ils de s’inscrire dans un dispositif unifié, pensé pour les candidats, ou préfèrent-ils maintenir leurs propres logiques et intérêts institutionnels ?
Un dispositif à crédibiliser
France VAE porte un enjeu stratégique : rendre la reconnaissance de l’expérience professionnelle plus accessible, à grande échelle. Une dynamique est belle et bien enclenchée. Mais pour que la promesse tienne, une clarification des règles et une réelle convergence des pratiques apparaissent indispensables. Sans cela, le dispositif risque d’accumuler des frustrations et de perdre une partie de sa crédibilité auprès des candidats.